Elle a d’abord poliment décliné l’invitation. Plutôt discrète, Édith Giffard, la directrice générale déléguée de la société qui porte son nom, ne souhaitait pas se mettre en avant. Elle a finalement consenti à nous recevoir, à une condition : que son frère Bruno, avec qui elle dirige l’entreprise, et son fils Pierre soient associés à cette rencontre. Giffard, c’est d’abord une famille.
« C’est en partie ce qui a fait la pérennité de l’entreprise », confie notre hôte. La saga Giffard débute à l’été 1885 quand Émile, pharmacien et herboriste installé place du Ralliement à Angers, met au point une liqueur rafraîchissante à la menthe blanche qu’il baptise Menthe-Pastille. Le succès est instantané, la première distillerie Giffard voit le jour. 131 ans plus tard, la Menthe-Pastille demeure le produit phare. « La recette n’a pas changé, affirme Édith Giffard. Nous nous la transmettons de génération en génération, avec un plan de menthe unique originaire d’Angleterre que nous avons réacclimaté en Anjou, dans la région de Chemillé. »
Une nouvelle page à Saint-Léger-des-Bois
Fin 2016, la société Giffard écrira un nouveau chapitre de son histoire sur la zone d’activités de Saint-Léger-des-Bois. L’entreprise investit 11 millions d’euros dans deux bâtiments de 3 500 m2 : l’un pour la production des sirops, l’autre pour la logistique. Un projet accompagné et soutenu par Anjou Expansion, l’agence départementale de développement économique.
Un héritage choisi
Maurice à l’aube du XXe siècle, Jacques à partir des années 1950, Bruno et Édith depuis 30 ans, tous poursuivent et développent l’oeuvre de leur aïeul. Cet héritage, ils l’ont choisi. « Mon frère et moi n’avons jamais été conditionnés pour reprendre le flambeau. Notre père nous a laissé une entière liberté. Du reste, nous avons exercé tous les deux un autre métier avant de prendre les rênes de l’entreprise. Il en va ainsi de mon fils Pierre, ingénieur, qui vient d’intégrer la société après huit ans chez Renault, raconte-t-elle. Le fait d’être une entreprise familiale, sans pression d’actionnaires extérieurs, nous permet de privilégier une vision à long terme et de franchir plus facilement les conjonctures difficiles. »
De solides racines
Aujourd’hui, plus de cinq millions de bouteilles de liqueurs et de sirops Giffard sortent de l’usine de production, à Avrillé. En constante hausse depuis une dizaine d’années, l’export représente 50 % du chiffre d’affaires, grâce notamment au succès des sirops en Asie, au Moyen-Orient et dans toute l’Europe. À l’étroit dans ses murs, l’entreprise bénéficiera à la fin de l’année d’un second site de production à Saint-Léger-des-Bois. « Bien que nous ayons désormais une dimension internationale, il était évident pour nous de rester dans la région angevine, le berceau de notre histoire, déclare Édith Giffard. Pour conquérir le monde, il faut un socle et des racines solides. »