Au collège, quand on lui demandait ce qu’elle voulait faire plus tard, elle répondait : professeur d’histoire-géographie ou de philo. Une réponse de convenance pour un choix par défaut. « En fait, je voulais faire de la bande dessinée mais je suis tombée sur une conseillère d’orientation qui m’a dit que ce n’était pas un métier. » Finalement, qu’importe les conseils, elle décidera de suivre son instinct et ses envies. « Plus tard, j’ai découvert tout un univers, et surtout que l’on pouvait en faire un métier. » Élève au lycée Chevrollier à Angers, Lise Rémon décroche le Prix de la bande dessinée scolaire du Festival international d’Angoulême. La prestigieuse récompense la conforte dans ses desseins. « Et puis, je m’intéressais pas mal au cinéma, alors je me suis dit pourquoi ne pas faire du cinéma d’animation. Je me suis renseignée sur les écoles, je suis allée aux portes ouvertes », raconte la jeune artiste qui a signé, en 2016, pour quatre années d’années d’études à l’École nationale supérieure des arts décoratifs à Paris, après un premier cursus à l’école d’Estienne. Ce qui lui plaît, « c’est le principe de raconter des histoires en séquences d’images », plutôt sur des grandes idées ou sur des événements de l’Histoire, à l’image d'un de ses travaux d’études qui évoque la Grande Peur de l’été 1789.
De la planche à la caméra
En janvier dernier, Lise Rémon a remporté le concours de storyboard organisé à l’occasion du 28e festival Premiers plans à Angers. Ce prix lui a offert l’opportunité d’adapter ses dessins au cinéma en tournant un court métrage à Briollay, sa ville natale. « C’était une superbe expérience de se retrouver avec des professionnels qui connaissent parfaitement leur métier, souligne-t-elle. Ça permet d’appréhender les difficultés pour tourner un film, ce qu’il faut faire, ce qu’il faut préparer… »
Bercée dans un univers de création
Lise a grandi à Briollay. « Enfant, j’ai toujours dessiné. Mes parents étaient animateurs en centre de loisirs, on faisait pas mal d’activités créatives à la maison. Nous allions voir des spectacles, des expositions, c’était nourrissant. Mon père dessinait plus jeune, mais ce n’était qu’un passe-temps », confie-t-elle. Ce dernier l'initie à la BD. « Il était à fond avec sa collection d’albums. Il m’en achetait beaucoup quand j’étais petite. Chaque année, il l’emmenait les faire dédicacer au salon d’Angers. Nous allions faire signer les « Marie Frisson » par Olivier Supiot. C’était toujours un événement. » En grandissant, Lise Rémon a découvert les nombreux et célèbres auteurs angevins, comme Pascal Rabaté et Étienne Davodeau. « Je les connais mieux depuis que je fais des études d’art. J’ai appréhendé le travail de Marc-Antoine Mathieu au lycée. » À son tour, Lise Rémon s'apprête à perpétuer la tradition de l’excellence de l’illustration angevine.
Atelier d’illustrateurs et d’auteurs de bandes dessinées angevins, La Boite Qui Fait Beuh souffle cette année ses 20 bougies. Fondée par Éric Omond et Yoann Chivard, l’association a vu défiler de nombreux talents : Boris Beuzelin, Olivier Supiot, Nathalie Bodin…