Les paysages de Loire seraient méconnaissables pour un habitant de jadis. Là où il y avait naguère plusieurs bras et boires ponctués d’îles desservis par des bacs et des gués, se dressent aujourd’hui de longs ponts. Ces édifices majestueux aux vues imprenables sur le fleuve royal nous sont aujourd’hui indispensables.
Pourtant, au Moyen Âge, les franchissements de la Loire étaient encore extrêmement rares. Ils représentaient de coûteux investissements, et leur utilisation était fréquemment soumise à un péage, perçu comme droit féodal au profit d’un seigneur laïc ou religieux. On a ainsi longtemps compté seulement trois sites en Anjou, confiés à des institutions ecclésiastiques : Saumur, Les Ponts-de-Cé et Chalonnes-sur-Loire. Ces ponts de pierre et de bois ne constituent pas, alors, un seul et même ouvrage, mais des successions de différentes constructions.
Un pas vers la modernité
Il faudra attendre l’âge d’or industriel pour que soient enfin jetés de grands ponts sur la Loire. Cet élan en Maine-et-Loire, comme dans le reste de la France, est lié à l’augmentation des échanges et à l’essor des moyens de transport (surtout le train). La réalisation est aussi facilitée par l’utilisation de nouveaux matériaux : la fonte, le fer puis l’acier et le béton-armé. Bien que plus onéreuse, la pierre reste utilisée, car son usage rassure.
Aux XIXe et XXe siècles, les ouvrages d’art se multiplient, osant braver les caprices du fleuve royal. Mélange des genres, ils sont chacun le reflet de différentes techniques, ce qui explique leur aspect visuel variable : le pont de Saint-Florent-le-Vieil est précurseur parmi les ponts à haubans, ceux de Chalonnes-sur-Loire et de Montjean-sur-Loire témoignent de l’avènement des ponts suspendus, Montsoreau, Rochefort-sur-Loire et Saint-Mathurin-sur-Loire sont de parfaits exemples de ponts à poutres à treillis. Si tous disposent d’un tablier et de culées pour prendre appui sur les rives, le nombre de piles qui les soutient et délimite les travées dépend de la technique choisie.
Haute surveillance
« Ce n’est pas petite gloire que d’être pont sur la Loire. On voit à ses pieds rouler la plus belle des rivières… », écrivait Jean de La Fontaine. Lorsqu’il reçoit la charge du réseau routier de Maine-et-Loire, en 2005, le Département hérite de la gestion de ce patrimoine si particulier : 976 ouvrages d’art, dont 16 grands ponts sur la Loire et la Maine. Il consacre chaque année en moyenne 2,5 à 3 millions d’euros à leur entretien et à leur rénovation.
Régulièrement inspectés, ces édifices parfois centenaires peuvent nécessiter des travaux de restauration, comme c’est le cas récemment à Saint-Florent-le-Vieil ou à Chalonnes-sur-Loire. Circulation, préservation de l’environnement… Chaque intervention sur ces ouvrages d’art reste une opération sensible pour le Département.
Bouchemaine, une rénovation indispensable
D’ici quelques jours, le pont de Bouchemaine sera recouvert d’imposants échafaudages. La corrosion apparue sur la suspension a, en effet, rendu sa rénovation indispensable. Les fixations, les câbles et les suspentes vont être traités et remplacés. La chaussée du pont sera également refaite à l’issue des travaux, dont le montant s’élève 1,8 million d’euros entièrement financés par le Département. Le chantier a été préparé en concertation étroite avec la commune. Sa durée a été réduite de dix à neuf mois et un plan précis de circulation a été établi. Celle-ci sera maintenue, mais en sens unique, de Bouchemaine à Sainte-Gemmes-sur-Loire. Une déviation sera mise en place dans l’autre sens. Il est prévu de rétablir une circulation alternée cet été, quand le trafic sera moins dense.