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À Saumur, le Cadre noir est bien en selle

Ses écuyers et leurs montures y perpétuent l’équitation de tradition française depuis près de deux siècles. Visite guidée d’une des plus prestigieuses écoles équestres au monde, où s'entraîne l’élite de la cavalerie française.

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Chaque lundi matin, au Cadre noir, à Saumur, les mêmes mots résonnent : « Félicitations pour tes résultats ce weekend.» Au détour d’une écurie ou d’un manège, les performances des écuyers sont saluées. Ils sont 35 à être engagés ici. Le plus jeune a 27 ans, le plus âgé, 61 ans. Si la plupart des écuyers sont désormais des civils, l’histoire du Cadre noir est militaire : l’école des troupes à cheval a été créée à Saumur pour remplacer la cavalerie décimée au lendemain des guerres napoléoniennes.

Le lieu est aujourd’hui l’antre de l’équitation de tradition française, inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’Unesco en 2011.

Héritiers d’une culture équestre ancestrale, les écuyers sont de véritables experts dans leur discipline. Ces sportifs de haut niveau disputent des compétitions nationales et internationales, dressent et maintiennent en état performant une dizaine de chevaux chacun, et forment les futurs professionnels de l’équitation. Une soixantaine d’élèves sont ainsi accueillis ici, au siège de l’Institut français du cheval et de l’équitation(IFCE), fruit de la fusion, en 2010, de l’École nationale d’équitation et des Haras nationaux. Près de 80 personnes travaillent sur le site qui compte pas moins de six manèges, quinze carrières olympiques, 50 km de pistes aménagées, quatre grandes écuries, une forge, une sellerie et même une clinique vétérinaire.

Au quotidien, les écuyers travaillent pour optimiser la performance des quelque 350 chevaux accueillis, et veillent à leur bien-être. Patrick Pratlong est un spécialiste du travail aux longues rênes. « C’est un outil qui permet d’améliorer la qualité de locomotion et de dressage d’un très jeune cheval, mais aussi celle des animaux plus âgés qui ont des difficultés à s’y plier avec le poids du cavalier », explique celui qui a revêtu la tenue noire en 1999. Culotte de cheval, botte, tunique, lampion, épaulettes, cravache à trois viroles et éperons dorés : tous les écuyers la portent les soirs de représentation.

100 000
C’est le nombre de visiteurs qu’attire chaque année le Cadre noir.

Chaque année, des milliers de spectateurs s’y pressent en France, comme à l’étranger. Laurence Sautet, l’une des trois écuyères du Cadre noir, est en train de préparer Falco, l’un de ses sept chevaux attitrés, dans le Grand Manège : « Il va bientôt entrer en gala. » Elle qui a rejoint le Cadre noir il y a 20 ans apprécie de participer à ce spectacle à dimension sportive, où « savoir-faire et pratiques poussées » se révèlent au public, simples curieux ou cavaliers avertis, venus admirer les sauts réputés : courbette, croupade et cabriole. Qu’il soit joué à domicile, en Angleterre ou au Japon, « le spectacle véhicule une histoire qui est la nôtre et qui est bien réelle », témoigne la cavalière.

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