C’est une certitude, les écrans ont envahi nos vies. Mais doivent-ils aussi remplir celle des tout-petits ? Pour sensibiliser les parents et les enseignants aux conséquences d’une trop forte addiction aux tablettes, télés et smartphones, l’équipe de la MDS du Grand Saumurois a développé 5 ateliers interactifs et ludiques à réaliser avec les enfants. Ces activités sont proposées aux écoles maternelles du territoire. Comptines, jeux de société ou contes : les référents prévention et professionnels de la Protection maternelle infantile varient les approches et rencontrent les parents à la fin de chaque journée. Une initiative innovante qui a vocation à se généraliser dans les Maisons départementales des solidarités.
Clémence Pigale, puéricultrice à la MDS Angers Centre, et Audrey Dominokowski, référente prévention à la MDS du Grand Saumurois, présentent cette démarche et donnent des conseils aux parents.
Quel constat faites-vous de l’utilisation des écrans par les enfants ?
Audrey Dominokowski : « La règle dit qu’il ne faut pas d’écran avant 3 ans et de jeu vidéo avant 6 ans. Il faut éviter les écrans à table, le matin, dans la chambre et avant de se coucher. Mais le constat, qui est fait notamment lors des bilans de santé en école maternelle, c’est que dès le plus jeune âge, les enfants peuvent devenir "accros". Ils utilisent les vieux smartphones de leurs parents, par exemple. Les conséquences sont réelles : fatigue, déconcentration, problèmes de mobilité, de socialisation… En étant livrés à eux-mêmes, les enfants sont exposés à beaucoup de publicités, de programmes non adaptés. »
Clémence Pigale : « Les directeurs d’écoles sont inquiets et prêts à échanger. Et ce problème n’est pas lié à l’origine sociale : il y a autant de familles concernées dans les écoles publiques que privées. On voit que souvent les parents sont un peu dépassés. Ils mettent les plus grands devant la télévision pour s’occuper du petit par exemple. Ils sont donc très intéressés, très demandeurs de conseils. »
Quels seraient ces conseils ?
C.P. : « Il est important d’expliquer aux enfants les conséquences d’une utilisation trop fréquente des tablettes ou des smartphones. Il faut fixer des règles, mais aussi écouter les idées qu’ils peuvent avoir pour faire autre chose. Ce n’est pas grave si parfois ils s’ennuient : il faut éviter le syndrome de la suroccupation, de trouver à tout prix quelque chose à faire. L’ennui stimule aussi l’imagination. Il faut être un bon modèle : un enfant qui voit ses parents constamment sur leur téléphone aura envie de les imiter ».
A.D. : « C’est l’une des idées que nous mettons en avant dans les ateliers. La boîte à écrans, dans laquelle chacun vient ranger ses smartphones, ou les cartes "défi du jour" : regarder un film mais ensemble, trouver une activité familiale en extérieur, sortir un jeu de société… . »
Ces ateliers sont-ils amenés à être généralisés dans tout le Maine-et-Loire ?
A.D. : « L’initiative a été lancée en 2022, à Doué et Vivy puis l’équipe de la MDS du Grand Saumurois s’est déplacée cette année dans les écoles d’Allonnes et Montreuil-Bellay. La demande est là, certaines écoles veulent même les décliner pour les plus grands. Donc l’objectif, à terme, est de proposer une "valise" pédagogique qui contiendra cinq ateliers à animer avec les enfants, ainsi que des affichettes pratiques pour les parents ».
C.P. : « Ce qui est intéressant, c’est que ce problème de santé des écrans peut être réversible. Quand on arrête les écrans, le comportement de l’enfant change sensiblement au fil des semaines. La différence est vraiment perceptible ».
Conseils de pro
- N’utilisez pas votre téléphone portable en présence de votre enfant : interagissez avec lui et soyez attentifs à ce qui l’intéresse !
- Suivez la règle du 3-6-9-12 pour savoir à quel âge et à quel rythme introduire les écrans dans sa vie.
- Ne proposez pas la solution des écrans à chaque fois qu’il s’ennuie : ces moments de creux stimulent au contraire l’imagination
- Soyez proactifs sur votre temps libre : proposez-lui des activités en extérieur ou des jeux à pratiquer en famille, plutôt que de regarder la télévision.